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Des Motardes en colère rencontre Sylvain Thévoz

Vendredi 23 septembre 2022, 4 motardes, Fanny Cerutti-Blanc, instigatrice, Annick, Céline et Aurélie ont décidé d’aller rendre visite à Sylvain Thévoz, député socialiste au Grand Conseil genevois, pour lui faire part de leur mécontentement suite à son émission « Thévoz en liberté » sur Léman Bleu. Mise au courant de l’action, Generation2Motards a envoyé un de ses rédacteurs pour tenir un compte-rendu. Il a donc rédigé un récit le plus complet possible des événements que nous vous invitons à lire ci-dessous.

Nous avons également réalisé une interview complète de Fanny Cerruti-Blanc que vous trouverez à la suite.


Vendredi 23 septembre 19h30, Fanny, Annik, Céline et Aurélie ne se connaissent pas, mais sont assises ensembles sur la terrasse du Restaurant de l’Hôtel de Ville. Sirotant leurs boissons en attendant 20h, ces femmes, de tous âges, sont présentes ce soir suite aux propos tenus par Sylvain Thévoz dans la rubrique « Thévoz en liberté » sur la chaîne Léman Bleu le 15 septembre dernier.


Leur espoir, pouvoir discuter avec le principal intéressé. Discuter, car ces filles, ces femmes et ces mères sont inquiètes et abasourdies. Quelques jours auparavant, chacune a pu découvrir l’intervention de 7 minutes, durant laquelle le Député du Grand Conseil tient des propos indiscutablement misogynes et machistes abondamment alimentés en clichés moyenâgeux selon leurs dires.


Elles nous expliquent qu’elles sont choquées qu’en 2022 à Genève, il apparait normal qu’un homme, membre du législatif du canton, puisse prendre la parole sur une chaîne publique et rabaisser une moitié de la population au rang de simples objets. Ces 4 femmes ne tolèrent pas que l’homme politique ait qualifié les femmes de « trophées », et pour celles qui font de la moto de « branleurs », entre autres. Elles considèrent qu’à l’époque du #Metoo, ça ne passe plus.

A 20h00, la séance du Grand Conseil touche à sa fin et déjà des agents de police se rassemblent devant la porte de sortie. Quelques minutes plus tard, le politicien sort, accompagné d’autres agents de police. Informé qu’il est attendu, il semble nerveux. Dans le principal quotidien local du jour, il s’est dit harcelé par les motards du canton. Pourtant aucune violence ni aucune agressivité ne l’attend, uniquement 4 femmes voulant tirer les choses au clair.


La presse locale, également présente, a déjà interviewé deux des 4 amazones et tous attendent de voir quel ton sera donné à l’échange entre elles et celui qu’elles voient comme le responsable de leur colère.

Étrangement, à sa sortie le député socialiste se dirige directement vers les quelques époux présents, qui dans le souci de laisser leurs épouses faire leurs affaires, s’étaient assis à l’écart. Il faut donc lui expliquer que ce n’est pas eux qui sont venus lui parler, mais bien nos 4 revendicatrices. La table ronde lui est donc indiquée. L’air décontenancé après quelque pas, Monsieur Thévoz fait volte-face et demande « que signifie cette mise en scène ». Fanny Cerutti-Blanc, instigatrice de l’action, prend alors la parole et lui explique la raison de leur venue ce soir. Elle lui explique qu’elle et ses camarades ont été particulièrement choquées par ses propos.

M. Thévoz prend donc place, non sans contrariété, à leur table. Entouré par la presse et celles qui, par spontanéité sans doute, semblent créer un tel émoi.

Pour une raison obscure, une fois installé, Monsieur Thévoz demande, cette fois avec plus d’insistance, la présence des hommes. L’auteur doit avouer ne pas comprendre pourquoi discuter avec celles qui veulent lui parler ne lui suffit pas. Madame Cerutti finit par céder et traverse la terrasse pour communiquer ce souhait du garçon. Si la proposition semble cordiale, ces messieurs ne sont ici que pour accompagner leurs compagnes. Deux étant à mobilité réduite, c’est l’unique raison de la présence de certains. Ils semblent peu intéressés par la discussion et après quelques secondes, ils préfèrent retourner à leur table à l’écart sans avoir dit un mot et laisser la parole aux femmes. Seul Florian Gander, un autre député genevois est, à la demande de son collègue, resté pour jouer les médiateurs. Il ne restera pas longtemps car, face à 4 dames tout à fait cordiales, et entourés de policiers, il n’y avait aucun risque de dérapage.


M. Thévoz invite ces dames avec un « Prenez des chaises, faites comme vous voulez, mais peut-être que le restaurateur a des réserves ? ». Cela sonne davantage comme une tentative d’excuse pour écourter la petite séance, que comme une réelle inquiétude à l’adresse du commerçant dont l’établissement est à présent plein grâce à l’attroupement créé.


Enfin commence l’échange, après une brève explication du pourquoi de leur présence et de leur mécontentement, la première réponse de M. Thévoz à ses interlocutrices :

D’entrée de jeu il précise être un ancien motard et continue « Je suis content de vous entendre parce que dans les reportages concernant les motards, on ne vous entendait jamais et on ne vous voyait pas. C’est vrai que c’est un cliché, il y a un stéréotype et on entend que les mecs, que les motards. Dans cette chronique sur Léman Bleu le but est de pousser le curseur, de dire des vérités que personne n’entends, voire d’aller à la provocation ».

Après le fait que sur les réseaux sociaux, il y ait un tombereau de menaces et des propos homophobes, à 95 % ce sont des hommes qui se réclament de la culture motarde et il n’y a que des mecs ».

Quelque chose que l’on voit dans les clubs de motards c’est que les femmes on ne les entend pas. »

L’homme d’État se revendique féministe, attitude qui ne correspond pas à la définition qu’en font les citoyennes.


Céline : « Oui, mais le problème c’est parler uniquement en terme de clichés »

M. Thévoz : « Je suis content de l’entendre, je suis content que vous soyez là pour l’exprimer »

Céline: « Pourquoi n’aller que dans ces clichés, pourquoi ne pas aller vous renseigner ailleurs, sur des clubs où il y a des femmes ainsi que des clubs où il n’y a que des femmes, pourquoi ne pas parler de cela? »

M. Thévoz: « Je pense que là il y a un petit quiproquo sur le statut de l’émission sur la parole qui a été mise en avant ce n’est pas une parole, heu… je dirais qui contribue à dire que c'est tous les clubs de motard.

Moi j’ai un vélo, j’écoute aussi la parole des gens qui sont à pieds, les cyclistes et les piétons, qui souffrent d’une certaine médiatisation, alors j’ai un peu bridé heu(hésitation)… Mais il me semble que ce sont des sources de nuisances que les véhicules motorisés, que ce soit voitures ou motos. C’est une parole ironique et provocante.

Ce n’était pas une parole, vouée à faire l’état des lieux des clubs motos »


L’homme public semble déjà revenir sur ses propos d’il y a quelques secondes. Il voulait communiquer des vérités non dites et à présent il fait état de clichés volontairement grossis.


Annik « Est-ce que vous nous traitez d’objets »

Fanny « Est-ce que vous nous prenez pour des branleurs ? »


M. Thévoz: « Là je ne suis pas dans une parole politiquement correcte, mais on reproche aux politiciens de ne pas dire ce qu’ils pensent, moi c’est vrai j’ai eu des paroles provocantes, qu'elles fassent un peu réagir, tant mieux ! Maintenant si j’ai reçu des tombereaux d’insultes sur Facebook c’est les réseaux sociaux, c’est pire que dans la réalité »


Annik : « Ce n’étaient pas des paroles juste provocantes, c’était des insultes »

M. Thévoz : « Vous vous êtes senties insultées ? »

Anik : « Traiter les gens de branleurs, de quelque niveau que ce soit c’est une insulte. Que vous preniez le cliché de certains clubs de moto, ce n’est pas l’entièreté des motards. De plus, en tant que motardes nous sommes aussi piétons, nous sommes aussi cyclistes donc on connait la situation »


La discussion prend soudainement des aspects quelques peu lunaires quand l’homme de gauche cite Pierre Maudet concernant les cyclistes. Après un bref instant de flottement probablement dû à la surprise ou au décalage que le discours prend, les plaignantes tentent de recentrer la discussion sur la raison de leur présence ici. A partir de cet instant des regards inquiets se jettent en périphérie comme un appel à l’aide.


Fanny reprend « On vous parle de vos termes où vous dites « la femme est un trophée assise sur son « back side » (des hommes) »

M. Thévoz semble ne pas savoir que répondre et esquisse un sourire gêné.

M. Thévoz : « La critique ne se porte pas sur les femmes, mais sur les clubs de motards principalement masculins »


Céline : « Vous ne vous référez qu’à deux clubs »

Ces paroles ne semblent pas atteindre l’autre bout de la table ronde, Céline le répète donc 3 fois.

Finalement les mots atteignent son interlocuteur.


M. Thévoz : « Oui, mais c’est ceux que je connais »


Devant l’aveu de l’édile, dont la culture motarde est extrêmement minimaliste si ce n’est inexistante, nos 4 motardes comprennent à présent la source du problème : le politicien traite d’un sujet qu’il ne connait pas. Ce qu’il considère comme des vérités ne sont que rumeurs.

Un malaise s’installe…


C’est ce moment que choisi la presse pour couper les caméras et les journalistes des différentes rédactions semblent entamer un conciliabule après s’être quelque peu éloignés.


Les motardes commencent à expliquer que si dans la communauté motarde, comme dans d’autres cercles, il existe des groupements non mixtes, ils sont minoritaires et que l’immense majorité des groupes les soutiennent et les mettent régulièrement en avant. Sans parler des différents investissements sociaux de ceux-ci tout au long de l’année tant dans les domaines pédagogiques, sportifs et caritatifs. Elles soulignent tout particulièrement les actions de « Toutes en moto TEM CH » qui, à l’exception des années de crise sanitaire, tenaient une manifestation sur le canton et en Ville de Genève. Ces manifestations, utilisant à bon escient la moto pour déconstruire les clichés machistes et virils associés à celles et ceux qui ont choisi ce moyen de transport.


Sylvain Thévoz hoche alors la tête pour signaler qu’il ne connaît pas « Toutes en moto TEM CH » ni même les autres clubs cités. Il botte alors en touche en soutenant l’argument de l’humour incompris. Un discret et timide « je m’excuse » est alors concédé.


Aurélie ajoute que, malgré les excuses, de tels propos ne sont malheureusement pas acceptables. Il lui est rappelé que l’article paru dans la Tribune quelques heures auparavant tient du même registre caricatural et sexiste que les interventions précédentes de l’élu à l’encontre des motards. La jeune femme souligne que d’opter pour ce type d’attitude et de communication n’est pas opportun dans un objectif de résolution de conflits. Présenter les choses comme cela a été le cas, ne fait qu’attiser la haine entre les différents usagers de la voie publique et alimenter le conflit.


Fanny : « Personnellement j’accepte vos excuses, mais nous ne sommes pas nombreuses ce soir. J’ai tenu à vous rencontrer afin d’en discuter, mais je pense que les autres femmes, toutes, elles ont besoin de les entendre ces excuses. »


La discussion prend soudainement un ton plus agressif.


M. Thévoz: « …L’espace est restreint et on ne le partage pas aujourd’hui à cause d’une majorité de droite, … Vous nuisez à la collectivité. 120'000 personnes souffrent de nuisances sonores à Genève aujourd’hui (chiffres non vérifiés) »


Les motardes ramènent alors, à nouveau, la discussion à son point d’intérêt initial, ce qui semble agacer tant le Député que ses collègues, qui interpellent les badauds, à présent massés à proximité de la table ronde, et qui filment la scène. De toute évidence, la scène pose problème et il apparait urgent de la faire cesser au plus vite.


Aurélie : « Mais là, vous incitez à une espèce de guerre entre les différents usagers de la route »

M. Thévoz : « Oui, mais la guéguerre elle existe »

Annik : « Oui, mais ce n’est pas la peine de l’alimenter cette guerre, on voit ça dans le monde actuellement. »

M. Thévoz : « Je pense qu’il faut une prise de conscience générale, car il y a 65 % de la surface d’une ville qui est recouverte de bitume. Principalement pour des motos, des voitures ou des scooters et ce déséquilibre nuit. Il y a une emprise des véhicules motorisés à Genève que je combats. »

Céline : « Mais on n’avancera pas en se détestant Monsieur. »


Monsieur Thévoz tente alors d’expliquer que ce n’est pas parce qu’un véhicule est vendu et homologué et que l’acheteur bien qu'il respecte la loi, est en droit de l’utiliser. Petit moment de flottement, on comprend d’après son discours que les lois sont à géométries variables, ce qui n’est pas sans rappeler l’affaire du d’égrappage des Pâquis.


Aurélie : « Nous on n’est pas là pour discuter de la mobilité, suite à votre temps de parole sur Léman Bleu, nous on est là pour vous parler de ce qui nous a touché. On n’est pas là pour savoir qui a raison qui a tort. Parce qu’il y a maintenant beaucoup de pollution qui est due à l’élargissement des pistes cyclables et les bouchons que cela provoque. Et je pense que les cyclistes ne sont pas non plus à plaindre. »


M. Thévoz : « C’est dommage que vous ne vouliez pas en parler parce que c’est le cœur du propos »


Fanny, Céline, Annik et Aurélie de concert : « Non pas du tout, d’ailleurs vous n’en parlez pas dans votre intervention. Et ce n’est pas la raison pour laquelle nous sommes venues »


M. Thévoz : « Alors vous avez peut-être mal entendu »


Fanny : « Non je pense qu’on vous a bien entendu. Vous avez parlé des SUV, vous avez parlé de la police qui mettait des gommettes, vous avez parlé de ceux qui se garaient sur les trottoirs, vous avez dit que les motards c’était des branleurs qui tiraient la langue à chaque fois qu’ils essoraient leur poignée. Vous avez également dit qu’au lieu d’avoir une moto entre les jambes ils feraient mieux de prendre un vélo pour économiser leur abonnement fitness. »


Là un appel à ses collègue socialiste est à nouveau lancé les yeux grands écarquillés.

Fanny rebondit alors en soulignant que Monsieur à l’air particulièrement agacé de discuter avec elles et qu’il n’a de cesse de regarder ses collègues plutôt qu’elles. « Nos maris sont déjà partis parce que le but ce n’était pas qu’eux discutent avec vous. Nous, en tant que femmes on se sent blessées par vos propos. Vous vous dites féministe, mais vous nous appelez trophées, vous vous dites féministe et vous nous traitez comme des objets et vous déviez systématiquement. On ne peut pas se permettre de parler d’une tranche de la population comme vous l’avez fait, catégoriser les gens c’est honteux, je me permets de vous le dire, de la part d’un élu c’est honteux. »


M. Thévoz : « La cible ce n’est pas vous c’est les motards… calmos sur les moteurs, on arrête cette vision des année 70. »


Le stress de celui qui a mis le feu aux poudres est palpable, mais ses appels au secours ont finalement fonctionné, intervient une personne extérieure à la discussion : « Sylvain, heu…tu en es où ? »


M. Thévoz : « Ouais… bon je vais y aller parce que je dois ramener les patates pour la raclette »


Tant bien que mal Fanny tente de finir la discussion, ce ne sera malheureusement pas possible, l’homme politique semble extrêmement pressé soudainement. Paradoxalement, il prend tout de même le temps de prendre la pause devant la presse. Les caméras se rallument pour immortaliser la scène des échanges de coordonnées avec Fanny afin de pouvoir avoir une discussion « au calme » ultérieurement (affaire à suivre). Les journalistes demandent alors à ceux qui films en même temps qu’eux de cesser immédiatement, car eux le peuvent, mais pas les badauds, qui s’exécutent sur le champ, la présence importante de policiers les dissuadant de risquer une éventuelle contravention.


M. Thévoz se lève et se dirige alors vers le groupe que forme la presse afin de débriefer. Il a avec les journalistes présents une discussion amicale, une des journaliste présentes, pour l’anecdote, se dira déçue de ne pas être invitée à la raclette.


Les acteurs de l’échange se saluent alors cordialement, les agents de police ne se font pas prier pour quitter les lieux presque aussi rapidement que la presse puis enfin Monsieur Thévoz se dirige vers son moyen de locomotion afin de quitter les lieux lui aussi.


L’échange aura duré 17 minutes.


Difficile de dire si cet échange débouchera sur un changement de ton, néanmoins, on peut se satisfaire de la démarche de Fanny, Céline, Annick et Aurélie, qui à défaut de convaincre le député socialiste, auront au moins tenté de lui ouvrir les yeux.


Interview de Madame Fanny Cerutti-Blanc :



- Madame Fanny Cerutti-Blanc, enchanté de vous rencontrer. Vous avez eu la chance de rencontrer Monsieur Sylvain Thévoz à la suite de son passage sur Léman Bleu dans l’émission « En liberté ». Premièrement, est-ce que vous pourriez vous présenter un petit peu pour nous expliquer ce qui fait que vous étiez intéressée particulièrement par cette chronique.

- Disons que cette émission m’a particulièrement touchée car les propos tenus par Monsieur Thévoz me concernaient doublement. Premièrement parce que je suis une femme et deuxièmement car je suis une motarde dans l’âme même si depuis quelques temps maintenant je ne peux plus conduire et que je suis obligée d’être passagère.

- Vous ne pouvez plus conduire, c’est un choix ou c’est pour des raisons indépendantes de votre volonté ?

- C’est indépendant de ma volonté, par suite de problèmes de santé, mes jambes ne me permettent plus de tenir une moto.

- D’accord, et comment s’est organisée cette rencontre ?

- Lorsque j’ai vu cette vidéo, j’étais outrée qu’un élu puisse parler ainsi des motards mais surtout qu’il puisse cantonner les femmes au rôle de faire-valoir uniquement capable de prendre place à l’arrière. J’ai donc contacté mon ami Florian Gander que je sais siéger au Grand Conseil genevois pour lui demander ce qui pouvait être fait.

Il m’a donné la date de la prochaine plénière du Grand Conseil. Je lui ai demandé de faire une annonce sur ses réseaux pour voir si d’autres femmes avaient envie d’aller parler avec Monsieur Thévoz. Ce qu’il a bien voulu faire ayant beaucoup plus de réseau que moi.

- C’est donc vous qui avez demandé à Monsieur Gander de battre le rappel si j’ose dire et c’est lui qui vous a expliqué comment le rencontrer ?

- Oui tout à fait.

- Et comment s’est passée la rencontre ?

- Nous nous sommes retrouvées à plusieurs motardes une heure avant la fin de la sortie du Grand Conseil. Nous avons pris soin de parquer nos motos correctement sur les places de parking prévue et nous nous sommes assises entre filles à une table et avons demandé aux hommes qui nous accompagnaient de prendre une autre table. Il nous paraissait important de nous entretenir avec lui uniquement entre femmes. Monsieur Gander est venu nous voir pour nous dire qu’il avait averti Monsieur Thévoz de notre présence et qu’il allait venir car il était tout à fait ouvert à discuter avec nous.

- Comment s’est passée l’arrivée de Monsieur Thévoz ?

- Et bien lorsqu’il est sorti, il s’est immédiatement dirigé vers la table des hommes. Je me suis levée pour l’inviter à venir discuter avec nous. Il nous a rejoint mais a dit ne pas comprendre cette mascarade.

- Mascarade ?

- Oui il nous a dit qu’il trouvait que nous avions organisé cela comme une mascarade. Il a dit que vu que les hommes étaient là, ils n’avaient qu’à venir se joindre à la conversation. Nous lui avons rétorqué que les hommes n’étaient là que pour nous accompagner mais que c’est nous qui voulions nous entretenir avec lui et pas eux. Les hommes sont tout de même venus dire bonjour puis sont repartis à l’autre table.

- Comment s’est passée la conversation ?

- Et bien la conversation était quelque peu une conversation sans écoute. Il est resté dans ses buts et ses objectifs. Au début il a écouté, il a entendu que nous n’étions pas des trophées, que les motards n’étaient pas des « balourds ». Nous lui avons fait remarquer que nous n’étions pas là pour déranger mais que nous étions là pour nous faire entendre car ses propos étaient totalement inacceptables, que ce soit envers les femmes ou envers les motards. Il a consenti un petit « je m’excuse » dont j’ai été surprise qu’aucun media n’ait parlé. Il a ensuite dévié la conversation sur la mobilité douce prétendant que nous n’avions pas vu sa vidéo et qu’il ne parlait pas que des motards.

- Que pensez-vous de cela ?

- Pas grand-chose, nous l’avons laissé parler quelques minutes mais nous sommes revenues sur la raison de notre présence. Nous avons réclamé des excuses un peu plus officielles et surtout plus audibles. Nous voulions aussi qu’il admette qu’il ne pouvait pas mettre tous les motards dans le même panier. Ce que nous avons constaté en discutant avec lui, c’est qu’en réalité, il ne connaissait le monde de la moto que par l’intermédiaire des faits divers relatés dans la presse au cours de ces derniers mois. Il présentait une méconnaissance totale de ce monde et de sa diversité.

- Quel est votre sentiment après cette rencontre ?

- Ça a été un flop.

- Pourquoi ?

- Pour moi, il ne nous a absolument pas, ni entendues, ni écoutées. Du reste, je dois le recontacter mais je n’ai pas encore fait la démarche.

- Vous comptez donc le revoir ?

- Tout à fait, je pense que ça va s’organiser gentiment. D’ailleurs, nous lui avons fait remarquer que dans le microcosme de la moto genevois, il y avait de nombreux groupements dont Toutes en Moto TEM CH, qui rassemble chaque année plus de 1500 motos pour lutter pour les droits de la femme. Monsieur Thévoz l’ignorait totalement. En gros, il ne savait pas grand-chose sur nous, en dehors du fait que les vélos font moins de bruit, que son amie du Grand Conseil a son bébé qui pleure chaque nuit à cause du bruit… J’ai eu des enfants et un bébé qui vient de naitre, ça pleure la nuit, moto ou pas moto…

- Fanny, je vous remercie pour ces informations et j’espère avoir des nouvelles lors de vos prochaines rencontres.

- Mais bien volontiers.

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