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Tu savais que les filles font de la moto ?




Préambule:


Le 17 septembre, le journal Femina a publié un article regrettablement intitulé « Avec ma moto rose, je m’évade ». Le but de cet article était sans nul doute louable et on comprend que la journaliste qui en est l’auteure avait pour dessein de montrer que oui, les femmes peuvent aussi faire de la moto.


A aucun moment nous ne remettons en cause les qualités de la jeune motarde interviewée qui semble vivre sa passion de la plus belle des manières. Nous ne saurions que l'encourager dans la voie qu'elle a choisi et lui souhaitons de nombreux kilomètres de plaisir !


Nous regrettons en revanche la méconnaissance manifeste de la moto et de son monde dont fait indiscutablement preuve l'auteure.


Il en résulte un article qui montre une image déplorable des motards, qui parle de « col de vitesse » en parlant de route ouverte et de dépassement hasardeux. Nous le regrettons. La moto c’est tellement autre chose.


Chez Generation2Motards, nous sommes attachés à ce que tout le monde puisse faire de la moto selon sa façon d’être, quel que soit son âge, style, genre, religion, etc etc etc. Nous ne pouvons donc pas rester sans rien faire face à ce genre de rédaction qui finalement ne fait qu’alimenter les clichés.


Nous avons donc décidé de donner nous aussi la parole à des femmes qui sont elles aussi passionnées de moto, mais pour nous parler d’autre chose que de savoir si elle roule aussi vite, plus vite ou moins vite que les hommes. Nous avons choisi 8 femmes avec des profils sensiblement différents. Nous espérons que leurs interventions vous donneront une autre image des femmes à moto et des motards en général que celle de chauffard sans foi ni loi qui ne respecte rien.




Pedigree:


Coraline AKA Cora ou Coco, 25 ans, permis full, roule en Z1000 SX noire et grise anthracite !



Depuis combien de temps roules-tu?


Je roule à moto depuis le jour de mes 18 ans, ça fait donc 7 ans.


Comment tu en es arrivée à faire de la moto?


Mon petit frère et moi avons grandis en entendant les histoires de mon grand-père à moto, et je crois qu’on avait ça dans le sang tous les deux. Lui a commencé à 12 ans en motocross et 4 ans plus tard, on commençait la moto sur route, moi en 125, lui en 50.


Est-ce que dans ta famille, on est motard ou as-tu ouvert une voie?


Je dirais que la moto est dans la famille… J’ai un grand-père qui a longtemps été motard, une mère qui apprécie la moto en tant que passagère et un frère aussi passionné de moto que moi. Point bonus, nos deux partenaires de vie le sont aussi !


Ton choix de faire de la moto a-t-il été difficile à faire passer auprès de tes proches?


Oui et non. Mon père était plutôt contre au départ et ma mère restait inquiète malgré tout. Mais finalement, ils ne pouvaient décemment pas avoir accepter le motocross pour mon frère et me dire non ensuite.

Par contre, j’ai quand même eu du mal à convaincre ma mère que non, je ne voulais pas d’une moto de couleur flash qui se voit à 100km… Après discussion, j’ai eu gain de cause, mais ma première veste était rouge !


Pourquoi cette moto plutôt qu’une autre?


Phœnyx (ma Z1000SX) est ma troisième moto. Avant ça, j’avais une Ninja 300 que j’ai gardée 3 ans et demi. A terme, j’avais tellement progressé que j’avais envie de plus. Comme j’aime les motos sportives mais aussi les longs voyages, j’ai opté pour le compromis parfait, une sport-GT ! Quant à la cylindrée, avoir une 1000 n’était pas forcément l’objectif de départ, mais que voulez-vous, je suis tombée amoureuse !


Plutôt route, plutôt piste, les deux?


Je dirais même les trois ! Je roule beaucoup sur route, autant au quotidien qu’en roadtrip, comme cet été où j’ai été jusqu’à Faro au Portugal.

Niveau piste, je n’ai fait qu’une sortie jusqu’ici et avec ma 300, mais j’espère pouvoir en faire au moins une avec Phœnyx la saison prochaine.

Quant au numéro 3, j’ai eu le bonheur de m’essayer au cross et à l’enduro la saison dernière et j’ai été séduite ! Il ne reste donc plus qu’à économiser suffisamment pour accueillir une monture adaptée !


Comment vis-tu ta relation avec la moto?


Passionnément ! D’ailleurs, pas mal de gens ont tendance à me regarder bizarrement quand je leur dis que ma moto a un nom. Mais pour moi, elle est ma partenaire de route et il y a un partage autant avec elle qu’avec les autres motard.e.s qui roulent avec nous.

Ce que j’aime avec le monde de la moto, c’est que je ne retrouve nulle part ailleurs les sensations, l’ambiance et l’entraide qui nous connectent tou.te.s. Ce que j’espère, c’est continuer à découvrir les différentes facettes de cet univers, à voyager aussi loin que possible, à rencontrer d’autres dingues de moto et à devenir encore meilleure pilote mais surtout, meilleure motarde.


On dit souvent que la moto est un « truc de mec », il semble d’ailleurs que seulement 11% des permis moto délivrés en Suisse le sont à des femmes. Quel est ton avis sur cette situation?


Je pense que les stéréotypes ont encore la vie dure, et le domaine de la moto ne fait pas exception. Pour beaucoup de gens, la moto est encore uniquement associée à quelque chose de viril, lié au risque et à la compétition, donc à quelque chose de plutôt « masculin »... et c’est bien dommage. Malgré tout, la proportion de femmes à moto augmente de plus en plus et ça montre qu’on est sur la bonne voie pour montrer que la moto n’a pas de genre.


As-tu l’impression que les femmes sont encore mises de côté dans le monde de la moto?


Oui et non. Je pense que c’est de moins en moins le cas, mais comme je disais, les stéréotypes ont la vie dure. Personnellement, je suis parfois exaspérée par les réactions de complet étonnement de certains motards (ou non-motards) quand je leur dis que je roule sur une 1000…

Autre exemple, ça peut paraître bête, mais je pense qu’en cas de nécessité, un motard sera moins prêt à être passager d’une motarde que l’inverse, même si c’est la moto de celle-ci.

Dans la compétition aussi, même si les compétitions de haut niveau ne sont pas officiellement réservées aux hommes, je pense qu’à compétences égales il est plus compliqué pour une femme de trouver des supports pour continuer à progresser.


Comment te sens-tu dans le monde des motards?


Comme chez moi. J’ai toujours eu la chance d’être entourée par d’autres passionné.e.s qui me voit comme une motarde et qui ne me considère pas mieux ou moins bien en fonction de mon genre, mais en fonction de ma personnalité et de ma conduite.


Qu’est-ce qui te plaît particulièrement?


Le sentiment de liberté, l’adrénaline, le dépassement de soi, la découverte, le partage et la communauté.


Quelque chose ne te plaît pas?


Le fait que les constructeurs d’équipement moto féminin se sentent obligé de tout faire en rose.


Si tu avais une baguette magique, qu’est-ce que tu changerais?


La vision négative que les gens peuvent avoir sur les motards en général. Et puis aussi, les lois trop restrictives, et la hauteur de selle de certaines motos, juste histoire de pouvoir les essayer.


Raconte-nous ta pire expérience à moto.


Fin 2016, je roulais en ville avec Nyx (ma 300) quand le conducteur d’une voiture qui arrivait sur la voie d’en face ne m’a pas vue, a décidé de tourner à gauche et m’a coupé la route. Après une tentative de freinage et d’esquive infructueuse, ma moto a percuté le côté de la voiture, j’ai volé au dessus et j’ai atterri de l’autre côté de la voiture. Je m’en suis sortie avec les deux os du poignet fracturés et déplacés, mais Nyx n’a malheureusement pas survécu. Le pire dans tout ça je crois, c’est de me dire que même une voiture qui arrive en face de moi peut ne pas me voir.


Et puis tant qu’on y est, ton meilleur moment.


Il y en a trop… C’est vraiment difficile à dire, mais globalement, ce sont les moments où je me sens parfaitement synchronisée avec ma moto et la route, et que tout paraît être exactement à sa place.


Ton prochain trip, objectif ou rêve que tu veux réaliser à moto?


Me mettre sérieusement au cross et à l’enduro !


Ta prochaine machine si tu as un budget illimité?


KTM 350 EXC-F


Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter?


De continuer à progresser, à voyager et à découvrir le monde de la moto sur mon - espérons bientôt mes – incroyable machine !




Pedigree:


Irène​, 51 ans, permis full, roule en Harley-Davidson Sporster 1200 de 2003 et en Mash Five Hundred de 2019... Elle nous a bien fait savoir qu'elle n'a JAMAIS eu de moto rose !!!



Depuis combien de temps roules-tu?


34 ans


Comment tu en es arrivée à faire de la moto?


J’ai toujours voulu faire de la moto. Même sur les carrousels je montais sur les motos.


Est-ce que dans ta famille, on est motard ou as-tu ouvert une voie?


Papa faisait de la moto quand il était jeune et il en a beaucoup parlé.


Ton choix de faire de la moto a-t-il été difficile à faire passer auprès de tes proches?


Dans un premier temps non, mais quand mon frère est rentré avec une minerve suite à un accident de voiture, j’ai dû argumenter parce que du coup il parlait de se mettre à la moto lui aussi. Maman n’était pas trop d’accord mais elle a accepté mon choix (elle m’a d’ailleurs offert une combinaison cuir pour mes 20 ans). Hier encore elle m’a pourtant dit que ça ne lui plaisait quand même toujours pas. Par contre, j’ai été encouragée par mes enfants quand j’ai voulu m’en racheter une.

D’ailleurs ma fille a aussi chopé le virus. Pour la forme j’ai dit que je ne voulais pas, mais je n’ai pas été crédible.


Pourquoi cette moto plutôt qu’une autre?


J’ai d’abord eu une 125, puis une XJ 650, puis encore une sportive (FZ 750), maintenant je veux juste le plaisir de la route et des courbes, et les motos que j’ai choisies me vont bien.


Plutôt route, plutôt piste, les deux?


Route.


Comment vis-tu ta relation avec la moto?


C’est dans le sang. Mon expression favorite : bouffer du kilomètre. Je ne suis pas intéressée par les courses moto. Je regardais les courses avec mon papa, mais j’allume pas la télé pour une course.


On dit souvent que la moto est un « truc de mec », il semble d’ailleurs que seulement 11% des permis moto délivrés en Suisse le sont à des femmes. Quel est ton avis sur cette situation?


Quand j’ai acheté mon premier gros cube, Papa m’a dit que c’était trop lourd pour une fille. Mais il était tout de même fier de pouvoir dire que la grosse moto était celle de sa fille alors que les gens pensaient que c’était celle du fils.


As-tu l’impression que les femmes sont encore mises de côté dans le monde de la moto?


Je pense que les femmes se mettent toutes seules à côté. Mais ça évolue bien.


Comment te sens-tu dans le monde des motards?


Quand même bien macho. Mais là si je développe on en a pour un moment.


Qu’est-ce qui te plaît particulièrement?


Le sentiment de liberté. La solidarité entre motards et le salut.


Quelque chose ne te plaît pas?


L’équipement femme, même s’il commence à se développer n’est pas au top. Je mets du rose parfois, mais là il y a en a partout. Gants, chaussures, blouson…


Si tu avais une baguette magique, qu’est-ce que tu changerais?


Le nombre et la dimension des places 2 roues. Et aussi plus de choix dans les modèles pour petit gabarit.


Raconte-nous ta pire expérience à moto.


Les retours de voyage sous la pluie pendant 800km. Ou encore la neige. J’ai craqué une fois à Allonzier la Caille car je pouvais plus aller en avant dans la neige. J’ai appelé mes parents pour qu’ils viennent me chercher.


Et puis tant qu’on y est, ton meilleur moment.


Ça part d’un mauvais moment, à savoir le vol de ma moto lors d’une concentration à Saint-Lô (en 1990). Puis un élan de solidarité lancé par Guy Gilbert, il y a eu collecte, des bisous et du muguet.


Ton prochain trip, objectif ou rêve que tu veux réaliser à moto?